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Le projet surprise de refinancement de Casino salué par les créanciers

Le distributeur français Casino a créé la surprise il y a quelques jours, en annonçant par voie de communiqué un projet de renforcement de sa liquidité et de sa structure financière. Recommandation positive pour les obligations à échéance 2020, 2021 et 2022. Voici pourquoi.

Sans trop entrer dans les détails techniques, l’opération annoncée par le propriétaire des enseignes Leader Price, Monoprix ou encore Franprix vise à refinancer une part significative de son endettement, en étendant ses lignes de crédit en France et en obtenant une nouvelle ligne de crédit syndiqué de maturité 2023 d’un montant de 2 milliards d’euros. Casino qui est l’un des premiers détaillants en Europe indique avoir déjà reçu des engagements de 14 banques pour des engagements supérieurs à 1,6 milliard d’euros.

En parallèle, Casino prévoit d’emprunter 1,5 milliard d’euros via la souscription d’un prêt à terme de 750 millions d’euros et d’un autre instrument de dette sécurisée pour un montant équivalent, à maturité janvier 2024 à chaque fois. L’argent récolté servira au financement d’une offre de rachat par anticipation sur ses obligations existantes de maturité 2020, 2021 et 2022.

Ces opérations sont assorties de conditions, notamment en matière d’octroi aux créanciers de garanties sur les principaux actifs de Casino. Les banques bénéficieront de sûretés sur les principales filiales opérationnelles en France, de Casino Finance ou des holdings françaises détenant les participations du groupe en Amérique latine. Les investisseurs des autres instruments de dette sécurisée bénéficieront de garantie sur les titres d’Immobilière Groupe Casino, qui détient pour 1 milliard d’euros d’actifs dans l’Hexagone.

Une clause en matière de distribution d'un dividende liée au respect d’un ratio dette brute sur Ebitda est comprise dans le package de mesures. Le versement d’un "mega" dividende aux actionnaires semble dès lors exclu, indiquent les analystes de Spread Research, ce qui pourrait mettre un peu plus en difficultés encore la maison mère de Casino, Rallye.

Etouffée par le poids de sa dette (près de trois milliards d’euros), Rallye (actionnaire de 52,3% de Casino) a pour mémoire été placée sous la protection du tribunal de commerce de Paris en mai dernier, afin de suspendre ses échéances de dettes et négocier celles-ci avec ses créanciers. Les investisseurs craignent que le plan de sauvegarde de Rallye ne force Casino à verser des dividendes importants à sa maison-mère. Le plan annoncé semble les contredire.

En attendant, les analystes de Spread Research jugent positivement le plan présenté par Casino. Ils réitèrent leur recommandation positive de toutes les obligations Casino, excepté celles affichant les plus longues maturités (sous pondérer la 2026 et la perpétuelle), ces dernières étant les plus exposées au risque lié à la procédure de sauvegarde de Rallye.

Les grandes agences de notation financière ont réagi également. Les notes de Casino ne sont désormais plus « sous surveillance négative » chez S&P. Le rating ‘B’ (perspective négative) des obligations est confirmé. Moody’s a pour sa part dégradé Casino, notamment les obligations seniors non garanties à B3 (contre B1) et l’obligation subordonnée à Caa1 (contre B3) avec une perspective négative. L’explication ? Un niveau d’endettement qui devrait rester élevé, le fait que Casino ne dégage pas de trésorerie positive malgré sa taille et ses parts de marché et le risque lié à la mise en œuvre du plan de refinancement.

Sur le marché obligataire, la réaction des créanciers est positive, ceux-ci pariant sur  la réussite du plan de refinancement de Casino incluant une offre de rachat sur les obligations 2020,2021 et 2022, ce qui soutient les cours sur le secondaire.

A l'annonce de la nouvelle, l’obligation Casino Guichard Perrachon SA d’une maturité égale au 13 juin 2022 assortie d’un coupon de 1,865% est passée de 90% du nominal début octobre à un peu plus de 97%, avec un rendement à l’échéance ramené aux alentours de 3%. Elle affiche au monet d'écrire ces lignes un rendement de 4%.