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La Chine, gagnante sur tous les tableaux

Première à être touchée par le Covid-19, la Chine est le premier grand pays à s’en sortir. Le confinement a été levé. L’économie se remet progressivement en route. La propagande d’Etat vante la supériorité du système chinois. Et pendant ce temps, le reste du monde souffre… et compte sur la Chine pour s’en sortir. 

Ce n’est pas la moindre ironie de la situation. Alors que la Chine semble avoir vaincu l’épidémie née sur son sol, celle-ci touche désormais de plein fouet le reste du monde. En particulier l’Europe et les Etats-Unis, considérés par l’OMS comme les nouveaux épicentres de la pandémie. Des pays comme l’Italie, l’Espagne et les Etats-Unis ont largement dépassé la Chine par le nombre de malades et de décès.

Et la catastrophe sanitaire se double désormais d’un krach économique dont on n’a pas encore mesuré toutes les conséquences. 
Le contraste peut difficilement être plus saisissant. Alors que les images montrent Rome, Madrid, Paris ou New York vidées de ses habitants et comme soufflées par un cataclysme, en Chine, les rues se repeuplent, les voitures circulent à nouveau, les usines redémarrent.

L’aéroport de Wuhan, berceau de l’épidémie, rouvre ce mercredi. Même si les Chinois restent prudents et surveillent de près les signes d’une possible reprise de l’épidémie, la vie là-bas a repris ses droits.

Une dépendance fatale 

L’ironie ne s’arrête pas là. A force de délocaliser en Asie une grande partie de sa production industrielle, l’Occident est devenu extrêmement dépendant de la Chine pour ses approvisionnements.

Comme cette crise le démontre de manière éclatante, il a besoin de la Chine pour se fournir en produits vitaux, comme par exemple, près de 90% des agents actifs qui entrent dans la fabrication des médicaments.  
L’affaire des masques a souligné cette dépendance de manière poignante. En janvier, la Chine, principal fournisseur au monde, s’était hâtée de réquisitionner tous ses fabricants de masques. Elle avait même été jusqu’à nationaliser de facto la filiale 3M, une entreprise américaine. Et comme si ça ne suffisait pas, elle avait asséché le marché mondial en achetant les stocks disponibles partout où elle le pouvait. Résultat : les pays occidentaux se sont retrouvés complètement démunis lorsque le virus a commencé à se propager chez eux. Ils en furent réduits à espérer des gestes gracieux pour obtenir les masques dont ils avaient tant besoin. C’est un appel personnel du roi Philippe à Jack Ma, le patron d’Alibaba, qui a permis de débloquer un premier lot « humanitaire » de masques vers la Belgique.  
Ces derniers jours, l’approvisionnement en masques, kits de tests de dépistage et respirateurs s’est considérablement amplifié mais au prix d’une compétition féroce entre pays demandeurs.

On a vu des Américains sur le tarmac d’un aéroport chinois, payer cash et pour le triple du montant, une cargaison de masques destinée à la France. Sans compter les produits défaillants et les escroqueries de toute nature. 

Une propagande tous azimuts  

En venant au secours d’une centaine de pays avec du matériel médical « made in China », la Chine cherche à faire oublier ses responsabilités dans le déclenchement de l’épidémie. Car ne l’oublions pas, le virus est apparu sur son sol, sur un marché autorisant la vente d’animaux sauvages.

Les premiers cas de Covid-19, signalés par quelques médecins courageux, furent rapidement étouffés par le pouvoir local de la province de Hubei. Et bien que l’OMS fut informée de l’existence d’un nouveau virus dès le 31 décembre, le président Xi Jinping n’est intervenu publiquement que le 20 janvier. De plus, il a fallu attendre quelques semaines supplémentaires pour qu’une équipe de médecins de l’OMS soit autorisée à venir en Chine.   
La Chine tente donc de faire taire toutes les critiques sur ses propres défaillances. Elle a mis en place un appareil de propagande dont la mission est forger un nouveau récit des événements. D’un côté, celui-ci vante la supériorité du système chinois qui a réussi à juguler l’épidémie. En sous-entendant que les pays démocratiques n’ont pas la même capacité. Comme le laisse entendre le Global Times, organe du PC chinois : « il sera impossible pour les pays européens d’adopter les mesures radicales que la Chine a prise ».

D’un autre côté, un discours plus soft célèbre la Chine comme un leader responsable, dont l’implication profite à l’humanité tout entière, alors que d’autres pays, notamment les Etats-Unis, demeurent repliés sur leurs intérêts nationaux. 

Une perfusion sous condition 

La Chine a beau avoir établi un pont aérien pour prêter assistance à la communauté internationale, elle défend avant tout ses propres intérêts. Car cette aide est conditionnée. Ce n’est pas par hasard que Xi Jinping parle désormais de « routes de la soie sanitaires ». La signature d’accords avec les entreprises technologiques chinoises comme Huawei et ZTE pour le marché de la 5G est fermement conseillée.

Et les Chinois ont pris soin de soutenir tout particulièrement les maillons faibles en leur faisant comprendre que leur nouvel ami vaut largement les anciens. L’Italie, qui s’est sentie abandonnée par les pays frères de l’UE, risque d’entrer encore un peu plus dans le giron chinois. Les entreprises chinoises qui détenaient déjà des participations dans les ports de Gênes et de Trieste, profiteront sans doute de l’occasion pour étendre leur toile. 
La Chine profite donc de l’épidémie née sur son sol pour redessiner un nouvel ordre mondial plus conforme à ses intérêts. Reste à savoir si elle aura les moyens de sa politique. Car la crise l’a également touchée. La facture de la pandémie pourrait s’élever à 4,1 trillions de dollars, soit 5% de son PIB.

Celui-ci est revu en forte baisse pour 2020. De 6%, il tomberait à 2,5% et peut-être moins si le reste du monde sombre dans une récession profonde.  

La locomotive chinoise a-t-elle assez de souffle ? 

En attendant, elle cherche à relancer sa croissance domestique en adoptant une série de mesures fiscales importantes. Elle va laisser filer son déficit au-delà de la barre des 3% officiels, réinjecter des liquidités dans le système bancaire, baisser certains impôts, permettre aux pouvoirs provinciaux de lever des fonds et augmenter ses dépenses d’infrastructure. 
En mars, l’économie chinoise a repris quelques couleurs. Après avoir sombré à 35,7 en février, la plus forte contraction depuis 2005, l’indice des directeurs d’achats a rebondi à 52.

Apple et Sony ont redémarré leurs unités de production. Foxconn, le sous-traitant d’Apple, a assuré les investisseurs que le nouvel iPhone 12 5G pourra sortir à l’automne comme prévu ou du moins, avant les fêtes de fin d’année.  
Il n’empêche que les usines n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant la crise à cause des disruptions importantes dans les chaînes logistiques et de l’arrêt provisoire des unités de production en Asie et en Occident. Mais le principal frein à l’économie chinoise, qui dépend pour partie de ses exportations, c’est la chute de la demande internationale. Il n’est pas sûr qu’elle puisse rejouer le rôle de locomotive de la croissance globale, comme elle l’a fait suite à la crise financière de 2008.  
Bref, ce n’est pas la dernière des ironies de devoir compter sur la Chine pour nous sortir du pétrin dans lequel elle nous a mis.

Pour savoir comment investir dans les entreprises chinoises, nous vous invitons à consulter notre article publié ce matin ou en nous contactant au +32.2.533.22.40