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Guerre, inflation, risques de récession: une situation appelée à durer. Le résumé de la semaine

Goldwasser Exchange fait le point sur ce qu’il faut savoir pour commencer la semaine.

Les marchés en dents de scie.

Les bourses continuent de faire preuve d’une grande nervosité. Dans le creux de la vague durant la majeure partie de la semaine en raison du mauvais chiffre de l’inflation américaine, les indices ont rebondi vendredi. Il s’agit sans doute d’une réaction technique, les titres étant largement survendus. Apple, qui avait résisté tant bien que mal à la déroute des technologiques, a fini par craquer jeudi en passant sous la barre des 140 dollars mais les investisseurs ont estimé que le titre était devenu bon marché car vendredi, il remontait à près de 147 dollars. Tesla, qui avait clôturé à 692 dollars jeudi, bondissait à 770 dollars. Les valeurs refuges traditionnelles que sont les Bons du Trésor ont également attiré les opérateurs, le rendement des Bonds à 10 ans repassant sous la barre des 3%. L’euro est brièvement passé en dessous de 1,04 dollar. Le retour à la parité euro-dollar est sans doute pour bientôt en raison du différentiel entre les taux des deux devises qui est appelé à se creuser. Sur la semaine, l’indice Stoxx 600 affiche une hausse de 0,83% (DAX : +2,59%, CAC 40 : +1,67%, FTSE 100 : +0,41%) tandis que le S&P 500 recule de 2,41% et le Nasdaq, de 2,80%.

Inflation US : ça ne s’arrange pas.

Elle a atteint 8,3% en avril. C’est légèrement mieux que les 8,5% du mois de mars mais les économistes espéraient 8,1%. Ce chiffre est une mauvaise nouvelle et ceci pour plusieurs raisons. D’abord, l’inflation reste à un niveau très élevé et sa décélération sera lente. Il ne s’agit pas d’un phénomène transitoire comme le laissaient entendre les banquiers centraux, il y a quelques mois. Ensuite, le chiffre du mois d’avril a été atteint en dépit du recul du prix de l’énergie (- 2,7%) et en particulier, celui de l’essence (-6,1%). L’inflation sous-jacente – hors énergie et produits alimentaires – a dépassé les estimations, à 6,2%. Elle touche désormais la plupart des biens, notamment les coûts liés à l’habitation, qui représentent un tiers de l’indice. Elle se répercute aussi sur le pouvoir d’achat, en baisse de 2,6% malgré une hausse du salaire horaire moyen. L’indice des prix à la production PPI a atteint quant à lui, 11%. La FED et l’administration Biden ont-elles les moyens de maîtriser cette spirale folle sans casser l’économie ? Certains en doutent.

Ukraine : les tensions montent encore d’un cran.

Le conflit s’est transformé en guerre d’usure dans laquelle l’artillerie joue un rôle essentiel. Une contre-offensive ukrainienne a réussi à desserrer l’étau russe autour de Kharkiv, deuxième ville du pays. L’effort russe semble se concentrer désormais au centre du front du Donbass, avant l’acheminement du matériel militaire envoyé par les pays de Otan, prévu pour fin mai. Celui-ci comprend notamment des canons automoteurs de 155 mm d’une portée de 30 à 70 kilomètres ainsi que des lance-roquettes multiples. Cet équipement pourrait apporter un avantage important aux Ukrainiens. Sur le front politique, la principale nouvelle est la demande d’adhésion « sans délai » de la Finlande à l’Otan. Elle doit être officialisée ce week-end. En cas d’adoption par le Parlement finlandais, la Suède emboiterait sans doute le pas à son voisin. L’adhésion de ces deux pays à l’alliance atlantique provoquerait un véritable séisme. L’Otan renforcerait ainsi son flanc nord et contrôlerait la mer Baltique, à l’exception de l’enclave de Kaliningrad où la Russie a déployé des missiles à capacité nucléaire. Poutine, qui voulait éloigner l’Otan de ses frontières voit au contraire l’alliance atlantique flanquer la Russie sur 1400 kilomètres supplémentaires. Le porte-parole russe Dmitri Peskov a déjà prévenu qu’une telle initiative constituerait « assurément une menace » et que la Russie prendrait des mesures de représailles en fonction de l’évolution de la situation. Vendredi, on apprenait que la Russie allait suspendre ses livraisons d’électricité à la Finlande et que la Turquie s’opposerait à la demande d’adhésion des deux pays scandinaves en raison de leur soutien aux Kurdes.

Sanctions : l’Europe divisée.

Le plus grand flou règne toujours autour de l’embargo sur le pétrole russe qui doit faire l’objet d’un vote à l’unanimité des 27 pour être adopté. La proposition de l’UE prévoit l’arrêt des importations de brut dans les six mois et des produits raffinés d'ici à fin 2022. Or, un certain nombre de pays d’Europe centrale demandent à bénéficier d’une dérogation jusqu’en 2024, le temps de trouver des solutions alternatives. La Hongrie exige même que l’approvisionnement via oléoduc soit exclu de l’embargo et requiert un financement de 800 millions d’euros pour adapter ses raffineries. Une rencontre au sommet est prévue la semaine prochaine pour aplanir les dissensions. En attendant, Moscou a coupé le robinet du gaz de l’important pipeline Yamal desservant l’Allemagne et un grand nombre de compagnies gazières européennes auraient accepté de se plier à la demande russe en payant en roubles.

Brexit: le retour du serpent de mer irlandais.

Comme si l’Europe n’avait pas assez de soucis avec la guerre en Ukraine, la hausse du coût de la vie et la crise de l’énergie, voilà qu’un autre conflit potentiel montre le bout de son nez. Le gouvernement britannique aurait l’intention de remettre en question le protocole irlandais, pilier du Brexit, en votant une loi modifiant des chapitres essentiels de l’accord. En cas d’opposition du parlement, il pourrait agir par décret. En vertu du protocole irlandais, il était convenu que l’Irlande du Nord resterait au sein du marché unique et que la frontière douanière ne séparerait pas les deux Irlande mais serait installée entre le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord. Une décision qui a toujours fait figure de scandale pour les Brexiters radicaux et pour le parti unioniste d’Irlande du Nord (DUP). Celui-ci refuse désormais de partager le pouvoir avec le Sinn Fein, qui vient de remporter les élections législatives. Le commissaire européen Maros Sefcovic a déclaré qu’une rupture unilatérale du protocole serait « bonnement inacceptable ». L’affaire est assez sérieuse pour qu’une délégation de parlementaires américains ait prévenu Londres qu’une modification du protocole menacerait les Accords du Vendredi Saint scellant la fin du conflit entre les deux Irlande.

Les cryptos ont du plomb dans l’aile.

La hausse des taux d’intérêt n’est pas une bonne nouvelle pour les placements spéculatifs et les crypto-monnaies n’échappent pas à la règle. Jeudi, le Bitcoin chutait lourdement à 27.000 dollars pour remonter la pente à près de 30.000 dollars le lendemain. Il n’en reste pas moins qu’il a perdu plus de 50% de sa valeur depuis son pic de novembre 2021. D’après le fournisseur de données Glassnode, 40% des détenteurs de bitcoins seraient dans le rouge. Signe que les cryptos attirent moins d’émules, Coinbase, la principale plateforme d’échange américaine, a annoncé des pertes de 430 millions de dollars en raison d’une forte baisse des transactions et des commissions lors du dernier trimestre. L’univers des cryptos comptait beaucoup sur les « stablecoins », c’est-à-dire sur les cryptos adossées à des valeurs refuge tels le dollar ou les Bons du Trésor pour faire mentir sa réputation de volatilité. L’effondrement du stablecoin Terra USD dont la valeur était fixée à parité avec le dollar jette un doute sur les « stablecoins » et les garanties qu’ils étaient censés offrir.

Achète, achète pas ?…

Coup de théâtre dans la saga Twitter ! Elon Musk a annoncé vendredi qu’il suspendait son offre d’achat mais qu’il était toujours intéressé par l’affaire. Motif invoqué pour ce retrait provisoire: il soupçonne la plateforme de posséder un plus grand nombre de faux comptes que les 5% annoncés par Twitter et il attend les résultats d’un audit pour se décider. Il s’agit très probablement d’une manœuvre pour faire baisser le prix de la transaction. Un procédé auquel avait déjà recouru LVMH, qui avait invoqué « une dégradation des perspectives »  pour faire baisser le prix d’achat de Tiffany. Il est vrai que même pour l’homme le plus riche du monde, 44 milliards représentent une somme importante, d’autant plus qu’il devait gager une partie de ce montant sur ses biens propres et que la mariée apparaissait sans doute plus belle qu’elle ne l’était réellement. Ne déclarait-il pas il y a un mois qu’il « s’en fichait des perspectives de Twitter » ? Entretemps, le climat économique a empiré, la bourse a chuté, Meta a plongé, Tesla a perdu des plumes et la monétisation de Twitter paraît moins évidente, surtout si une partie de ses 229 millions d’utilisateurs sont des robots. Cette semaine, Twitter a annoncé que les salaires allaient être gelés. Si Musk renonce à son OPA, il devra s’acquitter d’une indemnité de rupture d’un milliard.

L’action de la semaine.

On attend les résultats trimestriels de Walmart, Cisco, des chinoises Tencent, Baidu et JD.com ainsi que des européennes Vodafone et ABN Amro. Le mastodonte Walmart a bien résisté dans le marasme actuel en progressant de 2% depuis le 1er janvier, un chiffre à comparer avec le recul de 32% d’Amazon et de 15,5% de l’indice S&P 500. En ces temps difficiles où l’inflation rogne le pouvoir d’achat,  un nombre croissant de ménages se précipite sur les hard discounters pour se ravitailler en produits de base. On a constaté la même tendance lors de la crise de 2008-2010 où le titre Walmart avait progressé de 17% alors que le S&P 500 avait reculé de 20%. En Europe, l’action Carrefour affiche une progression spectaculaire de 30,5% en 2022. Walmart offre également un dividende raisonnable de 1,5%. La solidité de cette enseigne, qui a négocié le virage de la vente en ligne, fait de ce titre une valeur-refuge.

Toute l'équipe de Goldwasser Exchange vous souhaite une bonne semaine.