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Le monde et les marchés dans la tourmente inflationniste. Le résumé de la semaine.

Goldwasser Exchange fait le point sur ce qu’il faut savoir pour commencer la semaine.

Les bourses en perdition.

Le relèvement brutal de 0,75% des taux directeurs aux Etats-Unis a porté un coup sévère aux actions et obligations. Preuve qu’elle prend la montée de l’inflation très au sérieux, la Fed a laissé la porte ouverte à une deuxième hausse de 0,75% en juillet et elle table sur un taux de base de 3,4% d’ici la fin de l’année. Les investisseurs ont donc réévalué les bénéfices futurs des entreprises à l’aune de ces décisions et ont retranché quelques pourcents à l’indice S&P.  Ce qui n’arrange rien, le patron de la Fed a donné l’impression d’une certaine fébrilité dans son évaluation de la situation. En fait-il assez pour juguler une spirale inflationniste comme on n’en a plus vue depuis 40 ans ? Ou en fait-il trop, au risque de plonger l’économie américaine dans une récession ? Les avis sont partagés. Si l’on ajoute à cela, le fait que les banques centrales n’ont pas la capacité de peser sur les prix de l’énergie et que la plus grande incertitude règne depuis le choc de la guerre d’Ukraine, on comprend que les grands argentiers soient déboussolés et que les marchés dévissent sérieusement. En baisse de 5,79%, l’indice S&P 500 est entré dans un bear market. C’est son plus fort recul depuis mars 2020. Le Nasdaq perd 4,78%. En Europe, le Stoxx 600 a perdu 4,60%. Les Bonds à 10 ans ont fini la semaine à 3,23% après avoir atteint 3,50%.

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

C’est la question que d’aucuns se posent depuis que la Fed a relevé son taux directeur de 0,75%. Il est clair que l’annonce d’une inflation plus élevée que prévue en mai (8,6% sur base annuelle) a pris la Fed de court et qu’elle donne un peu l’impression de courir derrière le train. Déjà qu’elle avait laissé croire pendant des mois que l’inflation n’était qu’un phénomène « transitoire ». Aurait-elle surréagi, cette fois-ci ? Jerome Powell a promis un atterrissage pas trop brutal mais 70% des économistes sondés par le Financial Times s’attendent désormais à une récession en 2023. Powell a déclaré que pour l’heure, « il ne voyait pas de ralentissement de l’économie », notamment sur le marché du travail. Donc qu’il pouvait se permettre d’appliquer un traitement radical. Mais de l’avis de certains experts, on observe déjà les premiers signes d’une contraction : la croissance US est en recul de 1,5% au premier trimestre, les mises en chantier de logements ont reculé de 14,4% en mai et les ventes de voitures sont en baisse depuis huit mois. En appliquant une politique de taux trop agressive alors qu’elle ne maîtrise pas tous les éléments du problème, la Fed risque de casser la machine économique. Ces questions sont loin d’être académiques car la bonne marche des économies dépend de la confiance accordée à l’action des banques centrales.

Coup de sang à la BCE.

De son côté, l’attitude de la BCE suscite également pas mal d’interrogations. Mercredi, elle convoquait en urgence un conseil exceptionnel pour discuter de certaines tensions sur le marché des emprunts d’Etat. En effet, dans la journée de mardi, on constatait que le rendement italien à 10 ans avait atteint un pic à 4,2% et que l’écart avec le rendement allemand dépassait largement les 2%. De quoi donner des sueurs froides à ceux qui se souviennent de la crise de l’euro. La BCE s’est dépêchée de rassurer les marchés en déclarant qu’elle avait mis au point un instrument financier ad hoc pour combattre le risque de fragmentation sur le marché de la dette souveraine. On pense qu’elle se réserve la possibilité de moduler ses interventions en achetant des obligations de pays plus endettés. Cette réunion en mode panique n’a pas été du goût de Christian Lindner, ministre allemand des finances, qui a jugé qu’elle donnait un mauvais signal au marché alors que pour lui, la zone euro demeure « stable et robuste ». Sigrid Kaag, la ministre des finances des Pays-Bas a déclaré qu’il était important de communiquer de la confiance et de la sérénité en évitant de s’exprimer prématurément. Un reproche auquel Christine Lagarde a vertement répliqué : « Le risque de fragmentation est une menace sérieuse pour notre mandat de stabilité des prix. Douter de notre engagement serait une grave erreur ». Ambiance ! Cette nervosité affichée par des gens qui sont censés garder la tête froide est plutôt de mauvaise augure.

Taux : des hausses comme s’il en pleuvait.

Cette semaine, la Banque d’Angleterre a également relevé son taux directeur de 0,25% à 1,25% mais la surprise est venue de la banque centrale suisse qui a haussé son taux de base de 0,5% à -0,25%. Le franc suisse a aussitôt bondi à 0,98 euros et la parité n’est désormais plus très loin. La Suisse a beau être protégée par ses chaînes montagneuses, elle n’est pas imperméable à l’inflation, qui a atteint 2,9% en mai. Parmi les grands pays, seule la Chine fait cavalier seul. Il y a un mois, elle a abaissé son taux directeur de 0,15% à 4,45% pour relancer son marché immobilier mal en point et booster une économie qui a connu un sérieux coup de mou en raison de la politique zéro-Covid.

Gaz : la torture chinoise des Russes.

Alors que les pays européens avaient partiellement comblé leurs réserves de gaz en vue de l’hiver prochain, Gazprom a subitement réduit de 60% le volume de gaz acheminé via le pipeline Nord Stream 1, principal point d’accès du gaz russe en Europe. Le gazier allemand Uniper, l’italien ENI et le français Engie ont vu leurs approvisionnements fortement réduits et le prix du gaz a bondi de 50% sur le marché d’Amsterdam. Le prétexte invoqué par Gazprom serait technique, - des turbines bloquées au Canada pour cause de sanctions - mais Mario Draghi a rétorqué que la véritable raison de cette suspension était politique. En effet, elle a lieu au lendemain de la visite effectuée par Macron, Scholtz et Draghi à Kiev. L’Europe ne doit pas de faire d’illusions. Elle est prise en otage. Le Kremlin va continuer de se servir du gaz comme d’une arme tout en profitant de la hausse des prix provoquée par ses soins. Comme vient de le déclarer le patron de Gazprom : « C’est notre produit, ce sont nos règles ». Les Russes vont faire monter la pression, surtout si la guerre en Ukraine se prolonge jusqu’à l’automne ou l’hiver prochain. L’UE a beau diversifier ses approvisionnements en gaz – elle vient de signer un accord triangulaire avec l’Egypte et Israël – cela ne suffira pas à combler sa consommation. Cette semaine, elle a dû puiser dans ses stocks, qui avaient atteint 52%. Si la Russie coupe définitivement le robinet, on estime que les réserves atteindraient 59% en novembre, un volume insuffisant pour passer l’hiver. Un rationnement deviendrait inévitable.

Une grosse claque pour Macron. 

Les premières estimations du deuxième tour des élections législatives françaises viennent de tomber et elles donnent lieu à une surprise de taille. Le mouvement « Ensemble » d’Emmanuel Macron n’aura pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Il en est même loin car TF1/Ifop le crédite de 224 sièges seulement et France 2/Ipsos de 210 à 250 sièges. Les grands vainqueurs de la soirée sont la coalition de gauche « Nupes » (de 150 à 180 sièges), dans laquelle « La France Insoumise » domine largement et l’inattendu « Rassemblement national », crédité de 80 à 100 sièges. C’est une lourde défaite pour Macron qui récolte les fruits d’une insatisfaction générale et d’une campagne menée sans conviction. Pour compter sur une majorité parlementaire, il va devoir former une alliance, probablement avec « Les Républicains ». En effet, quelques transfuges de gauche ou de droite ne suffiront pas à faire l’appoint. Macron va être contraint de partager son pouvoir «  jupitérien » avec un autre parti, ce qui n’est pas dans sa nature. De plus, il doit s’attendre à subir une très forte opposition au parlement alors qu’il s’apprête à prendre des mesures impopulaires, notamment sur les retraites. Des années difficiles se profilent devant lui.

Cryptos : la fin du Monopoly ?

Il était écrit que les crypto-devises, ces monnaies de singe qui ne sont ni un moyen de paiement ni une réserve de valeur, allaient finir par se crasher dès que les taux remonteraient. La bulle semble sur le point d’éclater.  Tombé à 19.950 dollars (dimanche), le Bitcoin a plongé de près de 70% par rapport à son pic de septembre 2021. La capitalisation totale des cryptos est repassée sous la barre du trillion de dollars. Gageons que les « Bored Apes », ces petits dessins digitaux de singes, ne se vendront plus 1 million pièce pour quelques lignes de code. Comme l’a souligné Bill Gates : « Les cryptos et les NFT reposent à 100% sur la théorie du plus grand fou ». En d’autres termes, on trouve toujours un fou pour acheter un objet largement au dessus de sa valeur tant que celui-ci est persuadé qu’il peut le revendre à un plus grand fou que lui.

L’action de la semaine.

FedEx n’a pas attendu la publication de ses résultats la semaine prochaine pour annoncer une bonne surprise à ses actionnaires. Le transporteur booste d’un coup son dividende de 53%. Celui-ci atteint désormais 1,15 dollar l’action par trimestre, ce qui donne un rendement annuel de 2% environ.  Cette augmentation est une preuve de la confiance de l’entreprise dans ses perspectives à long terme. Le consensus des analystes est en faveur de l’achat avec un objectif moyen à 291 dollars, soit une hausse de 26% par rapport au cours actuel. Il existe certes un risque de marché et le climat boursier est exécrable mais cela n’a pas empêché FedEx de bondir de 12% cette semaine.

Toute l'équipe de Goldwasser Exchange vous souhaite une bonne semaine.