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La hausse des taux et du roi dollar plombent les marchés. Le résumé de la semaine.

Goldwasser Exchange fait le point sur ce qu’il faut savoir pour commencer la semaine.

Les bourses dans le rouge vif.

La semaine a été marquée par deux événements importants : la hausse de 0,75% du taux directeur US et sa conséquence directe, l’envolée irrésistible du dollar par rapport aux devises. En cinq jours, le billet vert a progressé de 3,25% face à l’euro, qui se retrouve désormais à 0,9690 dollar. Il a également gagné 5,02% face à la livre sterling, dont 3,59% dans la seule journée de vendredi suite à la baisse des impôts annoncée par le gouvernement Truss. Le dollar gagne même du terrain par rapport au franc suisse malgré le relèvement de 0,75% du taux helvétique. Seul le yen a résisté, en raison d’une intervention de la Banque centrale du Japon. C’est la première fois depuis 1998 qu’elle soutient sa devise, qui a déjà perdu 24,5% depuis le début de l’année face au dollar. 

Le dollar a de fortes chances de poursuivre son ascension car la Fed est déterminée à maintenir sa politique de resserrement des taux. Le fameux « dot plot » publié mercredi prévoit désormais un taux directeur de 4,25%-4,50% en fin d’année suivi d’un pic à 4,50%-4,75% au premier trimestre 2023. Tout ceci est de mauvais augure pour les actions, qui ont vécu une semaine difficile. Jerome Powell n’écarte pas la possibilité d’une récession aux Etats-Unis et celle-ci est une quasi-certitude en Europe. Les économies britannique et allemande sont déjà au point mort. Goldman Sachs a abaissé à 3.600 son objectif 2022 sur le S&P 500. En cas de récession sévère, le S&P 500 pourrait plonger jusqu’à 3.150. Sur la semaine, le S&P 500 a reculé de 4,65%, le Nasdaq de 5,07% et le Stoxx 600 de 4,37%.  Parmi les rares bouées de secours au milieu de cette tourmente boursière, on relève comme de coutume les valeurs défensives offrant de solides dividendes dont le titre Johnson & Johnson est un bon exemple.

Les taux s’envolent.

A quelques exceptions près (Chine, Russie, Turquie, Japon), on assiste à une remontée globale des taux. Ce mois-ci, la Suède a relevé son taux de base de 1% ; les Etats-Unis, l’UE, le Canada, la Suisse et l’Afrique du Sud de 0,75% ; le Royaume-Uni et la Norvège de 0,50%. Et c’est loin d’être fini car la BCE a d’ores et déjà annoncé d’autres hausses. De son côté, la FED a publié sa feuille de route pour les mois à venir. Elle anticipe une hausse de 0,75% en novembre suivie d’une autre de 0,50% en décembre, ce qui porterait le taux US dans la fourchette 4,25%-4,50% à la fin 2022. Une hausse supplémentaire de 0,25% serait envisagée au premier trimestre 2023, ce qui conduirait à un taux terminal de 4,50%-4,75%. Il est peu probable que les taux refluent en 2023. Le « dot plot » publié cette semaine prévoit 3 baisses en 2024 et 4 baisses en 2025. La FED n’envisage pas le retour à une inflation de 2% et donc à son taux pivot avant 2025. La croissance américaine est également revue à la baisse : 0,2% en 2022, 1,2% en 2023, 1,7% en 2024 et 1,8% en 2025. Bref, taux élevés, inflation tenace et croissance molle avec un risque de récession toujours possible. Un tableau peu réjouissant.

2023, année des obligations.

Nul besoin d’être sorcier pour comprendre que les obligations qui seront émises en 2023 – en particulier celles qui seront libellées en dollars – donneront des rendements tels qu’on n’en a pas connus depuis longtemps. Une véritable aubaine pour les investisseurs qui cherchent à diversifier leur portefeuille. A l’heure actuelle, le taux moyen offert par des obligations corporate de qualité « investment grade » s’établit à 4,65% (Moody's Seasoned Aaa Corporate Bond Yield), soit 1,6% au dessus du taux de base US. Si le taux directeur atteint un pic à 4,50%-4,75%  dans les premiers mois de 2023 comme la FED le prévoit et que l’écart des taux se maintient, on pourrait voir des obligations de qualité Aaa offrant du 6% voire davantage. Une opportunité à saisir car toujours selon la feuille de route de la FED, les taux repartiront à la baisse en 2024. Concrètement, cela signifie que ces obligations prendront de la valeur dès 2024. Comparons cela avec le modeste 0,11% que les banques belges persistent à proposer sur les comptes d’épargne alors que le taux de base en zone euro est déjà à 1,25% et atteindra probablement 2% en fin d’année.

Gare aux effets systémiques !

La hausse brutale du dollar est lourde de menaces. Le dynamisme de l’économie américaine, dont l’activité demeure soutenue malgré la hausse des prix, confère à la FED une plus grande latitude pour relever ses taux d’intérêt. Cet avantage profite au dollar, en hausse de 17% cette année par rapport à un panier de devises majeures. Or, un dollar cher a des conséquences inflationnistes sur les économies mondiales car le pétrole et la plupart des matières premières sont indexés sur le billet vert. La hausse du dollar qui s’est accélérée cette semaine risque donc de maintenir l’Europe dans une spirale inflationniste dont elle cherche à sortir. La BCE va-t-elle intervenir pour soutenir l’euro comme la Banque centrale du Japon vient de le faire pour le yen ? En a-t-elle les moyens ? Ne doit-elle pas plutôt conserver ses munitions pour préserver sa cohésion interne et éviter une crise des dettes souveraines comme celle de 2010 ? Vendredi, le taux allemand à 10 ans a franchi pour la première fois la barre des 2% tandis que le taux italien s’établissait à 4,35%. On considère d’ordinaire qu’un spread de 2,5% est un seuil à ne pas dépasser. La réaction des marchés des changes face l’arrivée au pouvoir d’une coalition dirigée par Giorgia Meloni sera déterminante.

Autant prendre Poutine au mot.

L’armée russe ayant subi une défaite cuisante dans la région de Kharkiv, le maître du Kremlin a annoncé la mobilisation partielle de 300.000 réservistes. Dès que la nouvelle a été connue, des milliers de jeunes Russes se sont précipités aux frontières pour tenter de fuir le pays. Pendant ce temps, plusieurs référendums d’annexion ont lieu dans les régions occupées par les Russes dans l’est et le sud de l’Ukraine. Les résultats de ces référendums truqués, organisés à la hâte dans des zones de guerre et sans supervision internationale sont connus à l’avance. Ils exigeront le rattachement à la Russie, comme ce fut déjà le cas en Crimée. Une fois cette annexion entérinée, Poutine sera libre de considérer que le « territoire russe » est attaqué par les Ukrainiens soutenus par l’Otan et il estimera de son droit de riposter avec des armes chimiques ou nucléaires. « Ce n’est pas du bluff » a-t-il précisé. Autant le prendre au mot car on sait maintenant de quoi il est capable. La mobilisation des recrues et leur formation prendront du temps. Cette force ne sera sans doute pas opérationnelle avant l’année prochaine mais cela ne change rien à la donne. Poutine s’est lancé dans une fuite en avant. Il ne peut plus reculer et c’est bien cela qui le rend très dangereux.

Elections italiennes : à droite toute !

Après la Suède, un nouveau cordon sanitaire cède en Europe. Les derniers sondages donnaient la coalition de droite et d’extrême droite dirigée par les « Frères d’Italie » de Giorgia Meloni largement en tête face à une gauche divisée. Le parti de l’ancienne pro-mussolinienne Meloni était crédité de 24,5% devant le « Parti démocrate » d’Enrico Letta (21,5%). Il est peu probable que la coalition atteigne la majorité des 2/3 nécessaire pour modifier la Constitution. L’écart entre le score des « Frères d’Italie » et la « Ligue » de son partenaire et rival, le populiste Matteo Salvini, décidera du rapport de forces au sein de la coalition. Malgré ses sympathies pour Viktor Orban et sa fidélité à Mussolini, qu’elle considère comme un « bon politicien » qui a tout fait pour son pays, Giorgia Meloni a réussi à rendre son parti respectable, du moins en surface. Elle tient surtout à bénéficier des 200 milliards d’euros du plan de relance européen octroyés à l’Italie afin que le pays entreprenne des réformes structurelles indispensables. C’est la raison pour laquelle elle tient à se présenter comme une gestionnaire responsable. Il ne faudra pas attendre longtemps pour que les tensions apparaissent avec Salvini, qui réclame déjà une rallonge budgétaire de 30 milliards d’euros afin de subsidier les entreprises touchées par la hausse des prix de l’énergie. Déjà de l’eau dans le gaz ?

Liz Truss abat ses premières cartes.

Chose promise, chose due. Le gouvernement Truss a annoncé vendredi sa décision de baisser les impôts, espérant ainsi stimuler l’activité économique et relancer la croissance. Dans le cadre de son « mini-budget », le Chancelier de l’Echiquier Kwasi Kwarteng a annulé la hausse de l’impôt des entreprises de 19 à 25% prévue par son prédécesseur Rishi Sunak. Concernant l’impôt des particuliers, il ramène de 45% à 40% celui sur la tranche la plus élevée et réduit le taux de base de 20% à 19%.  Il supprime également les droits d’enregistrement à l’achat d’un premier logement, renonce aux accises sur les boissons alcooliques et supprime la TVA pour les touristes. Parmi d’autres réformes pro-business, il prévoit la création de zones d’investissement bénéficiant d’avantages fiscaux ainsi que des projets d’infrastructure dans les transports, l’énergie et les télécoms. A terme, Kwarteng vise 2,5% de croissance. Le problème est qu’il renonce du même coup à 45 milliards de livres sterling de recettes fiscales auxquelles s’ajoutent plus de 100 milliards (sur deux ans) pour les mesures de soutien destinées à amortir la hausse des prix de l’énergie. Des mesures qui seront financées par l’emprunt. La majorité des économistes considère que ces réformes alourdiront la dette sans relancer la croissance et l’opposition juge que ces cadeaux fiscaux profiteront surtout aux riches. La livre a aussitôt dévissé de 3,43% face au dollar.

L’action de la semaine.

On attend notamment les résultats trimestriels de Nike et Hennes & Mauritz (H&M). Nike est bien sûr une méga-marque mais le contexte économique est défavorable et le titre, qui a un rapport cours-bénéfices de 26, est considéré comme cher. Les ventes de H&M (+3%) ont faiblement progressé ce trimestre. Son rival Zara fait mieux (+11%) en dépit d’un contexte difficile pour les budgets modestes. Le titre H&M a perdu 54% depuis le début de l’année.

D’autres entreprises ont défrayé la chronique cette semaine. Suite aux nombreux scandales et aux lourdes pertes liées aux faillites de la fintech Greensill et du bureau de gestion de fortune Archegos qui ont entaché la réputation de la banque et plombé son cours (- 12,40% vendredi , -55% depuis le début de l’année), le Crédit Suisse a décidé de scinder sa division « investissements » en trois parties, dont une « bad bank » où seraient cantonnés tous les actifs à risque. Dans un effort de restructuration, la banque céderait une partie de son portefeuille d’actifs. Cinq mille emplois seraient menacés.

Au rayon des bonnes nouvelles, on apprend que les actions Porsche mises sur le marché en prévision de l’IPO seraient largement couvertes. La demande est très forte et le cours d’introduction évoluerait dans la fourchette 76,50-82,50 euros. On a également appris que le nouveau vaccin anti-Covid de Pfizer-BioNTech tenant compte des variants Omicron est désormais administré en Israël. La pandémie étant officiellement en régression (OMS), les résultats futurs de Pfizer ne rivaliseront pas avec celui des années précédentes. En 2022, le chiffre d’affaires de Pfizer avoisinera les 100 milliards de dollars, dont 54 milliards seront encore générés par le vaccin et l’anti-viral Paxlovid.

Toute l'équipe de Goldwasser Exchange vous souhaite une bonne semaine.