L'emploi américain tempère les propos de Powell. Sale temps pour le secteur bancaire US. Le résumé de la semaine
Goldwasser Exchange fait le point sur ce qu’il faut savoir pour commencer la semaine.
Marchés des taux : Prochain épisode mardi, avec les prix à la consommation
La statistique des prix à la consommation de février aux États-Unis, qui sera publiée ce mardi, sera particulièrement surveillée par les investisseurs, après une nouvelle semaine éprouvante, coincée entre les propos plutôt durs du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, et des chiffres mensuels du chômage aux États-Unis, vus comme plutôt rassurants par les acteurs de marché.
En effet, Powell a déclaré devant le Congrès américain que la banque centrale qu’il préside allait sans doute devoir relever les taux d’intérêt plus qu’attendu, afin d’enrayer une inflation toujours élevée. Face à une Fed prête à se montrer plus agressive si nécessaire, les traders ont alors réagi au quart de tour, misant sur une hausse de 50 points de base (0,5%) du taux de la Fed le 23 mars. Ils pariaient sur 25 points jusqu’alors. Sensible aux attentes à court terme sur les taux, le rendement américain à 2 ans a franchi la barre des 5% pour grimper jusqu’à 5,096% en séance mercredi dernier.
Mais Jerome Powell s’est dit aussi prêt à prendre en compte les données économiques avant de décider de l’ampleur des hausses de taux. À cet égard, les données sur le marché du travail en février aux États-Unis ont rassuré. En effet, si les créations d’emplois sont restées solides (et supérieures aux attentes), le taux de chômage a commencé à grimper et le salaire horaire a progressé moins vite qu’attendu. Ces indicateurs publiés à la veille du week-end ont incité les investisseurs à revoir drastiquement, à la baisse cette fois, leur pari sur l’ampleur de la prochaine hausse des taux de la Fed qui sera annoncée ce 23 mars…
Du coup, les rendements des bons du Trésor américains à deux ans ont fait marche arrière pour revenir à 4,595% à la veille du week-end (-28 points de base environ sur la semaine). Pour sa part, le Bund allemand à 2 ans a fini à 3,09%, (en recul de l'ordre 13 points de base sur la semaine). A 10 ans, le rendement des bons du Trésor américain a clôturé à 3,705% et son équivalent allemand à 2,504%.
Rendement souverain à 10 ans | |||
10/03/2023 | 03/03/2023 | 03/01/2023 | |
Etats-Unis | 3,705 % | 3,987 % | 3,746 % |
Allemagne | 2,504 % | 2,719 % | 2,387 % |
Italie | 4,317 % | 4,539 % | 4,487 % |
Belgique | 3,098 % | 3,299 % | 3,011 % |
Marché primaire obligataire : Nestlé & Harley-Davidson font le plein
La baisse des rendements observée à la veille du week-end va-t-elle inciter les émetteurs à solliciter le marché et sécuriser leurs conditions de financement ? C’est à voir. Nestlé & Harley-Davidson ont en tout cas profité pour leur part d’une fenêtre de tir qu’ils ont jugée favorable.
Lundi dernier, le géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé ("AA-" chez Standard & Poor’s) a offert un coupon de 3,75% pour emprunter 850 millions d’euros à 10 ans. Notez que la coupure de 1.000 euros rend cette obligation accessible au plus grand nombre. Moins bien noté que Nestlé chez Standard & Poor’s, puisqu’il bénéficie d’un "BBB-", Harley - Davidson a de son côté proposé un coupon de 6,5% pour lever de la dette en dollar, pour une durée de 5 ans.
Quelques obligations émises récemment | |||||
Emetteur | Coupon | Maturité | Coupure | Taille | Devise |
Harley-Davidson Financial Services | 6,5% | 10/03/2028 | 2.000 | 700 millions | USD |
Nestlé Finance International Ltd | 3,75% | 3/03/2033 | 1.000 | 850 millions | EUR |
Marchés des devises : Un effet BCE sur l’euro ?
Le dollar, justement, a été ballotté ces derniers jours. Il a pu compter un temps sur les déclarations de Jerome Powell, mais les données sur l’emploi ont ensuite permis à l’euro de regagner le terrain perdu. L’euro qui est même tombé à 1,0525 mercredi en séance pour ensuite remonter à 1,0642 dollar, à quelques jours de la décision de la prochaine réunion de la BCE. Pour les cambistes, il ne fait quasi aucun doute que la BCE annoncera ce jeudi 16 mars une hausse de 50 points de base de son taux directeur, ce qui portera le taux de dépôt à 3%. Un facteur de soutien à la devise européenne donc. Cependant, la vraie question portera sur les indications que la banque centrale donnera sur l’orientation future de sa politique monétaire.
En termes d’orientations monétaires, notez que deux banques centrales semblent plus avancées dans leur politique de resserrement monétaire. La banque centrale d’Australie a ainsi ouvert la voie (mardi dernier) à une pause dans le resserrement de sa politique monétaire, après avoir relevé son taux directeur de 0,25% pour le porter à 3,6%, son niveau le plus élevé en dix ans. Quant à la banque centrale du Canada, elle a marqué une pause dans ses hausses de taux en maintenant (mercredi) son principal taux directeur à 4,5%.
Les devises en vue | |||
10/03/2023 | 03/03/2023 | 02/01/2023 | |
EUR/USD | 1,0642 | 1,0625 | 1,0668 |
GBP/USD | 1,2034 | 1,2011 | 1,2048 |
USD/YEN | 135,00 | 136,12 | 130,74 |
USD/AUD | 1,5198 | 1,4775 | 1,4704 |
USD/CAD | 1,3829 | 1,3598 | 1,3575 |
Marchés actions : Flop des valeurs bancaires, Continental au top
Mauvaise semaine pour le secteur bancaire mondial, qui a encaissé des reculs boursiers conséquents. L’explication ? Les difficultés de la société américaine SVB Financial Group, la maison mère de Silicon Valley Bank (SVB), un partenaire financier privilégié de nombreuses entreprises technologiques. La banque des techs a fait plonger tout le secteur, aux Etats-Unis et en Europe. Ceci alors qu’un autre acteur financier américain traverse une mauvaise passe: Silvergate Bank. Le partenaire historique de nombreux acteurs du monde des cryptomonnaies a finalement jeté l’éponge et annoncé qu’il allait être placé en liquidation judiciaire.
Le recul des valeurs bancaires a entraîné dans son sillage les marchés actions américains et européens. Pour ne citer qu'un exemple, l'indice américain S&P 500 a chuté de 4,6% sur la semaine, du jamais vu depuis septembre 2022.
Une semaine au top par contre pour l’équipementier automobile Continental qui a surpris positivement les analystes avec ses prévisions. Le fait que le groupe ait annoncé un dividende de 1,50 euro par action, supérieur au 1,39 attendu, a aussi ravi le marché.
Cependant, une partie de l'amélioration évoquée par le fabricant de pneumatiques semble déjà être prise en compte. Avec une hausse de 38% entre le début de l'année et le jeudi 9 mars, certains ont été tentés de sécuriser leurs bénéfices à la veille du week-end.