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Dérouillée pour les obligations du groupe Credit Suisse

Les obligations Credit Suisse sont en chute libre sur le marché secondaire. A telle enseigne que les niveaux de rendement témoignent désormais de la grande inquiétude des investisseurs, sur la capacité de la banque suisse à honorer ses échéances obligataires.

Pour ne citer qu’un exemple, l’obligation Credit Suisse Group AG au coupon de 0,65% et d’une échéance fixée au 10 septembre 2029 cote aux environs de 56% du nominal sur le marché secondaire, en net recul par rapport à son dernier pic de 73,6% atteint début février (cfr graphique). Le rendement dépasse par la même occasion 10%.

Trois banques américaines au tapis…

La descente aux enfers de Credit Suisse a démarré jeudi dernier, le 9 mars, avec en toile de fond les inquiétudes pour le secteur bancaire aux États-Unis suite à l’annonce, le 8 mars, de la mise en liquidation de la petite banque américaine Silvergate Bank. Proche du milieu des cryptomonnaies, l’institution aux mains de la société Silvergate Capital, a été rattrapée par la chute de FTX, la plateforme cryptos tombées au mois de novembre.

Le même soir, une autre banque régionale, Silicon Valley Bank, banque favorite des entreprises technologiques annonce qu’elle fait face à des retraits importants, ses clients puisant dans leurs dépôts alors que les levées de fonds pour financer leurs activités se font plus rares et plus difficiles. En parallèle, Silicon Valley Bank annonce une levée de capital de 2,25 milliards de dollars et la vente, au prix d'une lourde perte, d’un portefeuille de titres financiers de 21 milliards de dollars pour assurer ses liquidités. Loin de rassurer, l’opération alerte un peu plus les investisseurs et les clients qui se ruent sur leurs avoirs.

Les autorités réagissent et prennent contrôle de la banque. Dimanche, la Reserve Federale, le Trésor américain et la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) sortent l’artillerie lourde. Pour éviter la panique, elles promettent que les clients pourront retirer la totalité de leurs dépôts à la Silicon Valley Bank. Au passage, elles révèlent qu'une autre banque, Signature Bank a été fermée. Ici aussi, la clientèle de cette dernière reçoit l'assurance qu’elle aura accès à ses dépôts.

… Et le spectre d’une nouvelle crise financière

C’est alors tout le système bancaire américain qui tremble et les investisseurs s’inquiètent pour l’ensemble des valeurs du secteur, plus particulièrement pour Credit Suisse.

Déjà fragilisée ces derniers mois par la débâcle du hedge fund américain Archegos et le retrait de dépôts de la part de clients (qu'elle peine à endiguer), la banque helvétique ne fait rien pour rassurer en annonçant, mardi, avoir découvert des "faiblesses importantes dans ses contrôles internes". Mercredi, son principal actionnaire, la Saudi National Bank, premier actionnaire de Credit Suisse avec 9,88% du capital, indique à Bloomberg qu’elle n’envisage pas d’engager plus d’argent pour soutenir la banque suisse. L’annonce choque le marché et provoque la dégringolade des titres Credit Suisse, notamment les obligations.

Les créanciers font le tri

Les autres banques européennes, BNP Paribas, Deutsche Bank et ING voient ainsi leurs actions chuter lourdement et leurs obligations être sous pression.

La sanction des créanciers obligataires est toutefois (au stade actuel) moins sévère que pour Credit Suisse. En effet, si la banque helvétique doit désormais payer un taux d’intérêt de plus de 10% s’il veut lever de la dette à 6 ans, les coûts d’emprunt restent "gérables" pour BNP Paribas, Deutsche Bank et ING.

De ce trio, la Deutsche Bank est toutefois jugée la plus risquée puisqu’elle doit désormais proposer une rémunération de 4,8% pour lever des fonds à maturité 2028. Sur une échéance similaire, BNP Paribas devrait offrir 4,3% et ING de l’ordre de 4%.