Les OLOs profitent de la fuite en avant vers les valeurs refuges
Les remous au sein du secteur bancaire ont provoqué ces derniers jours une fuite en avant des investisseurs vers les valeurs refuges, et notamment les emprunts souverains. Tout profit pour l’Etat belge qui a procédé ce lundi à une adjudication d’OLOs (obligations linéaires) avec des taux en nette baisse.
Dans les faits, l’agence belge de la dette a abondé trois émissions existantes, remboursables respectivement dans 4, 10 et 16 ans.
Pour rappel, au contraire des Bons d’Etat qui sont destinés au grand public, ces emprunts sont accessibles sur le marché primaire uniquement aux institutionnels tels que les banques et les gestionnaires de fonds.
Alors que la demande de ces mêmes investisseurs était supérieure à l’offre, l’agence belge de la dette en a profité pour lever 3,9 milliards d’euros, un montant record équivalent à celui de septembre 2018, selon Jean Deboutte, directeur à l'Agence de la dette.
Les investisseurs se sont donc rués sur cette émission, dans un contexte d’aversion au risque et d’inquiétudes pour le secteur bancaire.
Une fuite en avant vers ces obligations qui a fait logiquement reculer les rendements, avec un dix ans belge qui se voit ramené à 2,77%, contre un plus haut annuel de 3,39% début mars, soit juste avant l’annonce de problèmes de liquidités du côté de certaines banques régionales américaines.
Vers une BCE moins agressive?
La baisse des rendements souverains découle potentiellement aussi de prévisions selon lesquelles la BCE pourrait être moins agressive à l’avenir dans sa politique monétaire.
Économiste en chef chez CBC Banque, Bernard Keppenne souligne à ce titre que Christine Lagarde l’a clairement laissé entendre, en déclarant "qu’il était clair que les tensions sur la stabilité financière pourraient avoir un impact sur la demande et pourraient faire dès lors une partie du travail pour juguler l'inflation, plutôt que par des hausses de taux".
"Il est donc tout à fait logique que les taux aient sérieusement reculé, sachant que les Banques centrales devront sans doute se montrer moins agressives pour faire revenir l’inflation vers leur objectif", selon l’économiste.
Un rendement annuel de 2,50%
Pour l’investisseur qui souhaitait diversifier son épargne dans du papier belge, nous avons épinglé l’OLO remboursable en 2027 qui permet de tabler sur un rendement annuel de 2,50% sur base d’un cours inférieur au pair de 89,50% du nominal.
Bref rappel sur les OLOs
Les obligations linéaires ou OLO constituent le principal outil de financement de la Belgique sur le marché de la dette. Rien que cette année, le Trésor entend lever quelque 45 milliards d'euros via ces obligations souveraines, un montant historique.
Depuis le 1er janvier, l’agence belge de la dette a déjà levé 16,4 milliards d’euros, soit 36% de l'objectif visé.
Source
L'Echo, "Emprunt record de l'État belge grâce à son statut de refuge"