Acheter la nouvelle obligation Danone ou privilégier une ancienne?
Alors que le géant de l'agroalimentaire Danone (Actimel, Nutrilon, Evian) vient de boucler un emprunt de 800 millions d’euros, une question s’impose à l’investisseur: opter pour cette nouvelle obligation ou privilégier une ancienne du même émetteur?
Cette question, qui revient de plus en plus (et qui reviendra encore) à mesure que les entreprises viennent se refinancer, n’est pas à négliger dans la mesure où le poids de l'impôt diffère fortement en fonction que l’on se positionne sur une obligation récente ou émise il y a quelques années par le même émetteur, lorsque les conditions de financement étaient tout autres.
En toile de fond, la remontée des taux imprimée par la BCE qui force les émetteurs à mieux rémunérer les investisseurs (comprenez par là, offrir un coupon plus élevé). Or, qui dit coupon plus élevé, dit aussi un poids de l'impôt qui impacte davantage ce même coupon.
En outre, au-delà de la composante fiscale, il s’agit aussi d’un choix à opérer en fonction de son profil d'investisseur.
2 obligations, 2 poids différents de l'impôt
Au même titre que d’autres émetteurs qui ont sollicité dernièrement le marché, Danone constitue un cas d’école en la matière.
Là où la nouvelle obligation du géant français offre un coupon de 3,706% pendant six ans, son obligation d’une maturité similaire émise en 2020 est assortie d'un coupon de 0,395%. En vertu d'un cours de 84,50% du nominal, son rendement annuel atteint 3,67%, en ligne avec celui de l'obligation fraîchement émise.
De ces niveaux de coupon et de cours différentes résultent un poids de l'impôt tout aussi différent, sachant que dans le premier cas, le précompte mobilier de 30% est prélevé sur un coupon de 3,706%, là où dans le deuxième cas, il l'est sur un coupon de 0,395%.
Pour limiter le poids de l'impôt et maximiser sa rémunération, l’investisseur résident belge a tout intérêt à se tourner vers la seconde obligation. Le taux d'imposition effectif calculé par Goldwasser Exchange est là pour en attester: 30,7% dans le cas de la nouvelle obligation, et seulement... 3,7% pour la seconde.
Pour rappel, plus le T.I.E est faible, plus l'obligation est fiscalement attractive. Pour plus de précisions à ce sujet, nous vous invitons à consulter notre article de l’Oblis School.
Emetteur | Coupon | Maturité | Cours | Rendement | T.I.E |
Danone | 3,706% | 13/11/2029 | 100,5% | 3,60% | 30,7% |
Danone | 0,395% | 10/06/2029 | 84,5% | 3,51% | 3,7% |
2 obligations, mais aussi 2 profils d'investissement
Pour faire le meilleur choix, une autre donnée à prendre en compte est son profil d’investisseur et celui de ses besoins financiers.
Comme l’explique Alexandre Goldwasser, administrateur de la Société de Bourse éponyme, dans les colonnes de l’Echo ce samedi, l’investisseur qui a besoin d'un coupon chaque année pour couvrir certaines dépenses aura davantage intérêt à se tourner vers l’obligation qui offre un coupon plus élevé, quitte à voir une partie de sa rémunération rognée par le poids de l'impôt.
En revanche, l’investisseur qui n’a pas besoin de rentrées de cash régulières et qui veut maximiser sa rémunération, se tournera davantage vers l’autre.
A noter encore un autre élément à tenir en compte: l’investissement est fixé à chaque fois à 100.000 euros en nominal. Or, comme la seconde obligation peut être achetée nettement sous le pair à moins de 84% du nominal, les liquidités à sortir ne sont que de 84.000 euros.
Prévisions annuelles relevées
Alors que Danone peut s'appuyer sur un rating de qualité investment grade "BBB+" chez Standard & Poor’s (perspective stable), le groupe a indiqué dans son communiqué que l’émission a été largement souscrite par une base diversifiée d’investisseurs, "confirmant la confiance du marché dans le modèle d’entreprise de Danone et dans la qualité de son profil de crédit".
En ce qui concerne les résultats, Danone a bouclé son dernier exercice annuel 2022 sur un chiffre d’affaires de 27,7 milliards d’euros, ventilés entre les ventes de ses diverses marques que sont Actimel, Activia, Alpro, Danette, Danio, evian, Nutrilon ou encore Volvic pour ne citer que ces exemples.
Concurrent d’Unilever et de Nestlé, on notera que le groupe a relevé dernièrement ses prévisions annuelles, tablant désormais sur une croissance de 6 à 7% en données comparables, contre 4 à 6% précédemment.