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Un coupon de 6,125% en dollar pour le nouvel emprunt de la Turquie à dix ans

Alors que la devise nationale se déprécie de jour en jour un peu plus, le trésor turc est venu se financer en dollar sur le marché des capitaux en début de semaine.

La Turquie a levé précisément deux milliards de dollars, qu’elle s’engage à rembourser dans dix ans et qu’elle rémunère par un taux annuel de 6,125%, payable en rythme semestriel.

Pour ce faire, Ankara avait mandaté les banques d’affaires américaines Goldman Sachs, HSBC et JPMorgan, dans un contexte où les investisseurs se montrent de plus en plus inquiets pour les actifs turcs, compte tenu de la sensibilité de l’économie aux chocs externes, souligne le Financial Times.

Illustration de cette méfiance, la livre a dégringolé de plus de 8% face au couple euro/dollar cette année, tandis que sur le marché obligataire, les créanciers exigent davantage de rendement pour se positionner sur de la dette émise par l'ancien Empire ottoman.

A titre d’exemple, l’emprunt à dix ans placé début janvier en dollar affiche désormais une différence de rendement de 314 points de base avec le bon du trésor américain de maturité comparable, contre 267 points de base lors de l’émission, souligne l’agence Reuters.

Une dépréciation « problématique »

Moody's, qui a réduit en mars d’un cran la note spéculative de la dette souveraine du pays à « Ba2 », a jugé en marge de cette nouvelle émission comme « problématique » la forte baisse de la lire.

Selon l’agence, la faiblesse persistante de la monnaie est particulièrement négative en raison du degré élevé de vulnérabilité externe de l’économie, et de ses faibles réserves de change.

Outre les données purement économiques, la devise se voit également affectée par des risques domestiques et géopolitiques élevés, ajoute Moody’s. La livre avait ainsi touché un plus bas historique mercredi passé, sur fonds de tensions croissantes entre Washington et Moscou liées au conflit syrien qui pèse sur la région.

Le 25 avril en ligne de mire

Une chose est sur, la vigueur de l'inflation (plus de 12% l'an passé) et l'affaiblissement de la monnaie suscitent d'intenses spéculations concernant la décision politique de la Banque centrale turque, attendue le 25 avril prochain. Un rendez-vous que les cambistes suivront de près.

On le sait, président turc s'en est vivement pris à l’institution monétaire ces derniers mois, la pressant de baisser ses taux afin d'encourager les emprunts dans l'espoir de soutenir la croissance par la consommation et les investissements.

Dans une atmosphère électorale, à un an et demi d'élections importantes, cet interventionnisme de Recep Erdogan a plombé à plus d’une reprise le cours de la livre.

Les investisseurs ont en effet été déçus par des hausse de taux jugées beaucoup trop faibles de la Banque centrale, comme ce fut le cas en décembre dernier.

La semaine dernière, les responsables du gouvernement ont bien tenté de rassurer en indiquant qu'ils étaient « prêts à agir sur l'affaiblissement du taux de change ».

Selon Moody's, la livre est susceptible d'une pression renouvelée si les autorités tardent à suivre ces déclarations avec des hausses de taux d'intérêt.

 

Source

Financial Times, Turkey hires banks to advise on dollar-denominated bond