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Focus sur Nyrstar

En dépit d’un statut de leader mondial dans le raffinage du zinc et du plomb, Nyrstar ne peut être assimilé à une valeur bon père de famille, que du contraire. Pourtant, rares sont sans doute les investisseurs belges à ne jamais s’y être intéressé, voire risqué sur la valeur.

Née peu avant l’éclatement de la crise financière, cette spin off d’Umicore a connu une évolution boursière aux antipodes de son ancienne maison-mère, dont le cours de bourse a été multiplié par quatre ces dernières années, pendant que celui de Nyrstar était plombé par des augmentations de capital en cascade, pratiquement une tous les deux ans, un triste record.

Les perspectives étaient pourtant prometteuses. Mais rapidement, l’entreprise a dû déchanter, confrontée à l’effondrement des cours du zinc ou la faillite de son partenaire finlandais Talvivaara. La faiblesse du billet vert ces dix dernières années a également imputé les résultats du groupe, qui réalise ses ventes en dollar mais dont une importante partie des coûts est libellée en euro et en dollar australien.

La stratégie d’intégration menée par son ancien CEO, Roland Junck, passant par l’achat de mines de minerais de zinc, s’est en outre révélée un cuisant échec. Suite à ces déboires, Trafigura, géant mondial du négoce et principal actionnaire du groupe a obtenu la sortie de Mr. Junck en 2015. Depuis lors, Nyrstar a déjà connu deux autres CEO.

Recentrage des activités

Enregistrant cinq années consécutives de pertes, dont une record de 432 millions en 2015, le management s’est lancé dans une réorganisation profonde des activités de la société, via la cession d’une bonne partie de ses mines nord et sud-américaines, pour se recentrer sur le traitement des métaux (principalement la fonderie de zinc).

Pour le moment, les effets se font toujours attendre, et ce, bien que le cours du zinc se soit nettement repris ces deux dernières années. La société a certes généré un profit de 47 millions l’an dernier, mais un bénéfice qui découle avant tout d’écritures comptables plutôt que d’une véritable amélioration de sa rentabilité opérationnelle, à l’image d’un excédent brut d'exploitation qui n’a progressé que d’un petit 5% l’an dernier à 205 millions, après avoir chuté de 30% un an plus tôt.

Plus inquiétant sans doute, l’endettement de la société qui ne fait que gonfler de trimestre en trimestre, dépassant désormais le milliard d’euros, soit plus de cinq fois excédent brut d'exploitation.

La direction se montre toutefois confiante, rappelant à chaque publication trimestrielle qu’elle attend beaucoup de la transformation de son site australien de Port-Pirie en une usine de recyclage pour différents métaux. En retard de près de deux ans sur le calendrier initial, Nyrstar s’attend à ce qu’elle génère un Ebitda d’au moins 40 millions au second semestre de l’année, de 100 millions l’année prochaine et de 130 millions dans deux ans.

Ce projet, vital pour que Nyrstar puisse redresser la barre, parait rassurer les professionnels qui se montrent encore positifs sur la valeur.

Les analystes répertoriés par l'agence Bloomberg anticipent en effet un cours médian de 6,45 euros pour l'action d'ici un an, soit une progression significative de 25%. Cinq d'entre eux estiment par ailleurs qu'il faut acheter le titre, trois pensent qu'il faut le conserver et trois conseillent de vendre.

Tension sur l'obligataire

En ce qui concerne les obligations, Nyrstar vient d'annoncer de postposer le paiement du coupon de son emprunt perpétuel émis dans le cadre du réaménagement du site de Port-Pirie, dans la mesure où il était lié à l'avancée du projet.

"Le retard dans la mise en route a eu des conséquences sur la génération de cash-flow par rapport au calendrier envisagé lorsque les arrangements financiers ont été conclus en 2014", explique le groupe. "Et donc, Nyrstar a décidé de retarder les remboursements".

Bien que le report de paiement du coupon d'une obligation perpétuelle soit possible, les investisseurs n'apprécient généralement pas ces annonces. Les détenteurs des emprunts Nyrstar n'y font pas exception, en témoignent les cours revus à la baisse pour les autres obligations de la société en circulation.

A titre d'exemple, l'émission 2024 se traite désormais autour des 96% du nominal, perdant ainsi plus de dix points cette année. Le rendement annuel est porté en conséquence à plus de 7%.

Sur une échéance plus courte, l'obligation d'une durée résiduelle d'un an, s'achète actuellement à un cours de 104,25%, permettant de tabler sur un rendement de 5%.